GÉNÉRALITES SUR LA CONCEPTION DES
OSSATURES
<= Notes sur
les pratiques techniques
Introduction: La
conception doit assurer l’esthétique, la
fonctionnalité, la préfabrication
aisée
en atelier et la rationalité. Le problème
principal dans la conception d’un
bâtiment à ossature métallique est de
savoir par où passent les efforts afin de
bien dimensionner les éléments et
d’assurer correctement la stabilité de
l’ouvrage. Les structures ont une
géométrie et un comportement mécanique
tridimensionnels. Néanmoins pour la conception comme pour le
dimensionnement le
concepteur est amené à les décomposer
en systèmes plans selon les trois
directions de l’espace (plan, coupe,
élévation). Cette simplification est
justifiée dans de très nombreux cas classiques.
Il existe cependant de vraies
structures tridimensionnelles, dont l’analyse ne peut
accepter cette
simplification.
Principes
fondamentaux: La
conception d’ensemble, préalable à tout
calcul,
consiste à établir une organisation
générale des éléments de
telle sorte que toutes les fonctions structurelles
soient remplies, dans des conditions compatibles avec
l’exploitation du
bâtiment. On doit donc respecter trois
principes fondamentaux au cours
d’une étude
- stabilité de l’ouvrage vis
à vis de toutes les actions qui
lui sont appliquées sans exception, lesquelles doivent
être véhiculées depuis
leur point d’application jusqu’aux fondations, sans
aucun hiatus dans leur
cheminement.
- Maintien de la cohérence du schéma de
fonctionnement
structurel depuis le choix des hypothèses de
départ jusqu’au stade de
l’étude
de détail des assemblages entre
éléments
- Aptitude de l’ouvrage à
l’utilisation prévue
Ces impératifs impliquent
concétement de:
- prédéterminer avec
précision un cheminement à travers la
structure de tous les efforts
qui lui sont appliqués, en prévoyant les
éléments structurels et les
assemblages nécessaires à ce
cheminement ;
- choisir avec soin les hypothèses de
liaisons entre les éléments
de structure et avec les fondations en s’assurant de la
faisabilité technique
des dispositions qui en découlent et en recherchant par ces
choix la meilleure
économie globale pour le projet ;
- veiller à la cohérence des
déformations relatives des systèmes
structurels en présence et à la
compatibilité de ces mêmes déformations
avec
les conditions d’utilisations de l’ouvrage
Système
statique: on
distingue:
- systèmes isostatiques: la suppression
d’un élément
entraîne l’instabilité de
l’ouvrage. Ces systèmes acceptent de
légers
déplacements relatifs.
- Systèmes hyperstatiques: la suppression
d’un seul
élément n’entraîne pas
l’instabilité
Transmission des efforts:
on
distingue deux fonctionnement :
- Transmission des actions vers les fondations en mobilisant
la résistance en flexion des éléments:
poutres de planchers, portiques
- Transmission des actions vers les fondations en mobilisant
la résistance à l’effort normal des
sous éléments les constituants:
éléments triangulés
Analyse des éléments
simples: il y a
deux types d’analyse possibles:
- en élasticité pure: le
critère de ruine est la limite
d’élasticité. C’est le point
de vue des règles CM66
- en plasticité: on admet qu’il puisse y
avoir une
adaptation plastique des sections dont on peut se servir pour
alléger la
structure (point de vue de l’eurocode et de
l’additif 80)
Les
capacités plastiques
correspondent à des distributions de contraintes en blocs
dans la section,
égales à la limite
d’élasticité ; en cas de
surcharges celles ci peuvent
être reprises par la plastification d’autres
sections. Une simplification très
utilisée est celle de rotule plastique :
Rotule plastique:
les
déformations élastiques sont établies
en étendant artificiellement le
comportement purement élastique de
l’acier
jusqu’à saturation plastique de la
section : il y a passage brutal
de la pleine rigidité élastique au comportement
plastique. i.e. les
déformations plastiques sont strictement
localisées au droit de certaine
sections.
L’analyse
plastique ne présente
véritablement d’intérêt que
pour les structures de degré
d’hyperstaticité
élevé, où le risque de
déversement est réduit et où les
critères ELS et de
stabilité ne sont pas prépondérant. Il
va de soi que ce type d’analyse n’est
pas le plus courant en pratique.
Analyse
globale des
structures : le type d’analyse la plus courante est
l’analyse
élastique au premier ordre, seule prise en compte par les
règles CM66, et
dont les hypothèses de bases sont les suivantes :
- comportement du matériau
indéfiniment élastique linéaire
- les déplacements de la structure sont
négligeable par
rapport à ses dimensions
géométriques
coût:
le coût entre pour une
grande part dans un choix technologique ; on distingue deux
facteurs
principaux:
- coût relatif à la matière:
on parle de tonne par m² de
charpente posée
- coût d’atelier: on parle
d’heures d’atelier par tonne
de charpente posée (ce rapport peut varier de un
à quatre)
Eléments de
charpente: dans toutes
les phases du projet, il faut toujours se
demander comment les éléments de
l’ouvrage pourront être usinés,
transportés,
montés, utilisés et entretenus. La plupart des
petites pièces du projet
devraient être à l’épreuve du
camion-benne : i.e. conçues comme si elles
devaient être chargées en vrac dans un camion et
déchargées par basculement de
la benne. Si elles ne peuvent résister à un tel
traitement, le monteur risque
de perdre du temps à les redresser ou attendre leur
remplacement sur chantier.
Types
d’éléments:
éléments
tendus: ce sont les éléments les
plus simples, ceux qui permettent d’optimiser au mieux la
résistance du
matériau de base ; il faut tenir compte de la
section nette pour les
assemblages boulonnés, et de
l’excentricité des attaches qui peut apporter un
moment supplémentaire non négligeable. Les
éléments purement tendus se
rencontrent le plus souvent dans les contreventements et les fermes
treillis.
On les rencontrent quelquefois dans les suspentes (reprise des efforts
de
gravité dans les bâtiments à
étage, pour empêcher la flexion
latérale d’ossatures
de bardages et de couvertures, etc.), les tirants (reprise de
poussée en pied
de portique, équilibrage de structure en consoles, etc.) ou
câbles (ponts,
etc.). on peut réaliser des suspentes par:
- ronds en acier fileté
- fer plats, boulonnés par recouvrement ;
cet assemblage
résiste mieux à la fatigue que le rond.
- En double U ; il représente une plus
grande rigidité
que le fer plat
- Câbles
Nota: les barres
calculés seulement à
la traction et devant se dérober par flambement
élastique comme les barres de
contreventements, doivent avoir un élancement assez grand.
De ce fait ils
peuvent être soumis à des battements lors
d’inversions d’efforts, à des pliages
lors d’efforts transversaux accidentels, à des
mises en guirlande qui augmente
les efforts de tractions du fait du poids propre de la poutre qui
fonctionne
alors comme un câble. D’où la
nécessité de fixations intermédiaires
(e.g. sous
les pannes)
pièces
sollicitées en compression simple: sauf pour
de rares cas de pièces courtes, il faut
systématiquement vérifier les pièces
comprimées au flambement. Les éléments
treillis et les poteaux sont des
exemples classiques de pièces soumises à
compression simple.
En règle
générale il faut que les épaisseurs
soient
conséquentes pour éviter les
phénomènes de voilement. Il faut aussi
éviter les
sections qui présentent de faibles inerties de torsion,
comme les cornières
simples, les tés ou les profils en croix, qui peuvent ne pas
flamber en
flambement flexion, mais en torsion ou en torsion-flexion (cas
nettement plus
défavorable). On doit de plus éviter le
flambement individuel d’éléments
jumelés.
Les sections les plus
utilisées sont les cornières jumelées,
puis les U laminés et jumelés pour des efforts
importants.
Pièces
sollicités en flexion (poutres): le moment
maximum est le plus souvent déterminant.
- Profilés
laminés à chaud: leur
portée varie de 4-5m à 50m. la
vérification en effort et en flèche sous
l’effet
de l’effort tranchant est inutile ;
l’optimisation en flexion simple est
rarement possible à cause des
phénomènes de déversements qui la
limite.
- Profilés en I
reconstitués soudés: pour eux
il faut effectuer la vérification aux
phénomènes de voilement. Ils offrent la
possibilité d’adapter de manière souple
les caractéristiques géométriques,
épaisseurs et longueurs, aux besoins de
résistances (ils peuvent aussi avoir un
intérêt esthétique) le gain de masse
doit être relativement conséquent par
rapport à la solution d’un I laminé
à chaud afin de compenser les surcoûts dus
au soudage des tôles de bases.
- Profilés
à parois minces formés à
froid: ils
donnent lieu à des vérifications
spécifiques. Leur portée varie de 4-7m
à parfois plus de 10m. leur épaisseur varie de
0.5 à 5mm.
Poutres à
âme ajourée:
la constitution de ces poutres est rendue possible par la surabondance
d’épaisseur au niveau de l’âme
des
profilés laminés à chaud. On
découpe selon
une ligne de découpe polygonale
régulière de part
et d’autre de l’axe médian, et les deux
demi profils
sont assemblés par soudure après un
décalage
d’un motif. Leur principal intérêt est
la
légèreté et la possibilités
qu’ils
donnent pour le passages des conduites etc. toutefois des
vérifications spéciales s’imposent dues
à la
répartition spéciale de l’effort
tranchant dans les
âmes ajourées.
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- poutres
planes à treillis: on
remplace les âmes pleines des profilés I ou H par
des barres inclinées qui
constituent avec les membrures un système
triangulé capable d’amener les
efforts tranchants d’un bord à
l’autre.
Leur principal avantage est
d’optimiser au maximum
l’utilisation du matériau acier ; de
plus, bien que de nos jours cet
avantage soit secondaire, les pièces de bases sont
facilement manipulables et
transportables, quelque soit l’importance de
l’ouvrage à construire.
Lorsque les barres
treillis sont rigidement liées et
assemblées aux nœuds (soudure, boulons
précontraints) les moments secondaires
se propagent d’une barre à l’autre en
fonction des rigidités de flexion de
celles-ci, et seul un code informatique permet de modéliser
correctement ces
effets. Les assemblages par boulons normaux sont
considérés comme articulés.
Profils
reconstitués soudés en caissons: Ce
type de section est utilisée lorsqu’une poutre est
sollicitée de façon quelconque par rapport
à ses axes principaux de section transversale et par des
efforts excentré par rapport à son centre de
torsion (e.g. poutre de chemin de roulement) . En effet
lorsqu’un risque de ruine par flexion biaxiale
accompagnée de torsion est trop
élévée cette solution
s’impose.
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- treillis spatiaux:
chaque nœud étant fixé
dans l’espace par deux plans de triangulations, il
n’y a plus guère
d’instabilité d’ensemble à
craindre ; ce genre de poutre est pratique pour
reprendre des charges transversales d’orientation quelconque.
Toutefois ce type
de conception présente un coût assez
élevé du fait de la complexité des
nœuds
d’assemblages. Cette conception est donc
réservée soit à la structure primaire
d’ouvrages très importants, soit au contraires
à des structures très
légères
pour lesquelles il est donné la priorité au
critère esthétique.
- poteaux
comprimés et fléchis: dans de
nombreux cas et notamment les structures légères,
les poteaux sont plus
dimensionnés à la flexion qu’au
flambement, l’effort normal n’étant pas
prépondérant. Le paramètre fondamental
dans les calculs de poteaux à la flexion
déviée composée avec risque de
flambement et de déversement, est la longueur de
flambement.
Flèche
et contre-flèche: (La
contre flèche est souvent réalisée par
le traceur) lors de la vérification de
la structure, si les flèches entraînent des
déformations trop visibles sur des
pignons et que cela pourrait apporter une gêne, on peut
adopter une contre
flèche c’est à dire une
flèche inverse donnée initialement à
la structure. Sous
l’effet des charges verticales les têtes de montant
ont tendance en effet à
sortir du plan vertical. Tant que cette obliquité
n’est pas visible (1/400°) on
peut la conserver. Sinon on adopte une contre flèche qui
fait que le montant
redevient vertical sous l’effet des charges
permanentes.
Remarque: il faut bien sur
éviter que le
monteur veuille annule cette flèche en écartant
les bases de montants, ce qui
diminuerait le moment d’angle en augmentant dangereusement le
moment sur la
portée.
D’une manière
générale la contre flèche de
fabrication a
pour valeur celle de la flèche due aux seules charges
permanentes.